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la protégeaient à la fois contre la sécheresse et contre les inondations. Quand les terribles cyclones dévastaient ces belles forêts, leurs débris imposants servaient encore longtemps de digues à la fureur des ouragans et protégeaient les jeunes pousses destinées à remplacer les anciennes.

Aujourd’hui, rien n’entrave plus les déluges qui pèlent le sol et l’entraînent à la mer, tandis que dans les temps secs, les sources, privées d’ombre, tarissent et que l’aridité se propage. Si la France ne daigne pas intervenir, ou si les colons ne se rendent pas aux plus simples calculs de la prévoyance, on peut prédire la ruine et l’abandon prochains de cette perle des mers que les anciens navigateurs saluèrent du nom d’Éden, et qui, épuisée et mutilée par la main de l’homme, secouera son joug et rentrera dans le domaine de Dieu. C’est une leçon qu’il tient en réserve, en France aussi bien qu’ailleurs, pour les populations qui méconnaissent les lois de l’équilibre providentiel, et abusent de leurs droits sur la terre. À l’homme sans doute est dévolue la mission d’explorer et d’exploiter ; mais l’intelligence lui a été départie pour épar-