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aussi solides que les remparts de lave, si bien que ces deux forces gigantesques, la mer et le volcan, l’eau et le feu, toujours en lutte, pétrissent pour ainsi dire le dur relief de l’île comme une cire molle soumise à leur caprice ; mais ici le caprice ne consiste que dans l’étreinte corps à corps de deux lois également fatales, logiques par conséquent, car ce que nous appelons fatalité est la logique même, et l’homme qui les observe arrive à saisir leur puissance d’impulsion et à camper en toute sécurité sur cette terre mobile, si souvent remaniée dans les âges anciens, et qui change encore manifestement de forme et d’emploi sur une partie de sa surface.

Pour nous, cette île enchantée, passablement terrible, a toujours été un type des plus intéressants. Nos fréquents rapports avec M. Maillard durant les dix dernières années de son séjour à la Réunion, nous avaient initié à une partie de sa flore, de sa faune et de ses particularités géologiques. Plus anciennement encore, un autre ami, spécialement botaniste, après un séjour de quelques années dans ces parages, nous avait rapporté de précieux échantillons et des souvenirs pleins de poésie. Ce fut le rêve de notre jeunesse d’aller