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denrée que l’on désigne communément dans le pays sous le nom de jeunesse (un métayer se fait entendre on ne peut mieux quand il vous dit qu’il va mener sa jeunesse en foire pour s’en défaire) ; trois cents vaches, douze cents chevaux, quatre mille bêtes à laine, trois cents chèvres, et une centaine d’ânes. Ajoutez à cela ces animaux que le paysan méticuleux ne nomme pas sans dire : sauf votre respect, c’est-à-dire trois mille porcs, qui ont un champ de foire particulier de quatre-vingts boisselées d’étendue, et vous aurez la moyenne d’un des grands marchés de bestiaux du Berry.

Les marchands forains et les éleveurs s’y rendent de la Creuse, du Nivernais, du Limousin, et même de l’Auvergne. Les chevaux, comme on a vu, n’y sont pas en grand nombre, et ils sont rarement beaux. Les vaches laitières sont encore moins nombreuses et plus mauvaises ; on ne vend les belles vaches que quand elles ne peuvent plus faire d’élèves. Ces élèves sont la richesse du pays. Ils deviennent de grands bœufs de labour qui travaillent chez nous une terre grasse et forte, bien terrible à soulever. Quant à la jeunesse qu’on a de reste, après que