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La plupart des méthodes qu’il a inventées sont restées sans résultat général, et les plus belles, les plus ingénieuses, n’ont pas toujours été les plus efficaces ; elles n’ont pas réussi à élever l’esprit humain plus haut que l’antithèse, qui est une impasse.

En cherchant Dieu dans l’univers, l’homme n’a pu que le chercher en lui-même, c’est-à-dire en se servant de l’induction personnelle et directe. Le premier sauvage qui a invoqué une puissance supérieure à la nature ennemie s’est dit : « Je suis trop faible ; appelons un être fort dans la nuée et dans la foudre pour éclater sur les obstacles de ma vie. » De là le sentiment de la toute-puissance.

Le premier croyant qui a constaté l’insuffisance des sacrifices s’est dit qu’il fallait persuader ce Dieu qui ne se laissait point acheter par des offrandes. Il a cherché dans son cœur la fibre tendre et suppliante, et il s’est dit, en se sentant adouci, que son Dieu devait être bon.

Le premier philosophe qui a contemplé ou subi l’injustice du destin s’est dit à son tour qu’il devait y avoir dans la pensée divine, dans l’âme de l’univers, quelque refuge contre cette