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les textes sacrés, de les mettre d’accord et de définir l’orthodoxie. L’Église répond in petto : Non possumus ; mais elle continue à nous parler avec une éloquence plus ou moins entraînante (M. Vacherot a un peu exagéré le talent de ses adversaires par excès de générosité ou de finesse) des points lumineux que cherche à ressaisir l’humanité présente : l’âme immortelle, la divinité personnelle, l’avenir infini, les cieux ouverts, l’idéal en un mot.

Devant une critique et une philosophie qui ne peuvent sauver ouvertement ces trésors du naufrage, qui ne pensent pas même devoir trop affirmer qu’ils existent, l’Église invoque le sentiment, supérieur selon elle, à la raison, et les êtres de sentiment vont à elle.

Mal nécessaire, disent les gens calmes. J’avoue que je ne puis pousser jusque-là l’indifférence et la sérénité. Je vois l’âme supérieure s’atrophier dans ce divorce avec la logique et retourner à l’enfance de l’humanité, enfance sacrée, poétique, respectable en son temps, dans son premier développement normal ; sénilité puérile et funeste, presque honteuse à l’heure que nous marque aujourd’hui l’aiguille du temps.