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s’est semée de plus de fleurs à mes yeux, mais les fleurs fantastiques y ont fait de moins fréquentes apparitions. J’ai essayé de trouver le vrai de ma fantaisie, le droit légitime de ma protestation.

J’ai peut-être vu peu à peu la destinée humaine avec d’autres yeux, et reconnu que, dans la période du doute et du découragement, je voyais mal parce que je ne voyais pas assez ; mais je crois sentir avec le même cœur, penser avec la même liberté. Dès lors je ne crains pas que l’ancien moi, qu’il s’incline ou non devant le nouveau, lui cherche querelle ou lui adresse un reproche.

En 1834, il y a trente-quatre ans, j’écrivais à mon cher Rollinat qui n’est plus :

« Eh quoi ! ma période de parti pris n’arrivera-t-elle pas ? Oh ! si j’y arrive, vous verrez, mes amis, quels profonds philosophes, quels antiques stoïciens, quels ermites à barbe blanche se promèneront à travers mes romans. Quelles pesantes dissertations, quels magnifiques plaidoyers, quelles superbes condamnations découleront de ma plume ! Comme je vous demanderai pardon d’avoir été jeune et malheureux !