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descendent de la montagne et qui se laissent choir en cascades dans les prairies et les cultures pour se joindre en bondissant au Gapeau, qui bondit lui-même. On n’est plus dans le pays de la soif. La vue de tant d’eaux limpides, folles et gaies est un enchantement.

On voit se dresser bientôt devant soi, au dessus des bois, les dents blanches, bizarrement découpées et fouillées à jour, de la crête des montagnes calcaires de Montrieux. J’annonce à nos compagnons que nous allons grimper jusque-là. Comme il fait très chaud, on s’en effraie ; mais, une demi-heure après, sans descendre de voiture, nous entrons dans ces dentelures fantastiques, nous sommes dans la forêt de Montrieux, un gracieux pêle-mêle de roches ardues, de vallons étroits, d’arbres magnifiques, de buissons épais et d’eaux frissonnantes. Nous traversons à gué le Gapeau, qui danse et chante sur du sable fin et doré, au milieu des herbes et des guirlandes de feuillage. C’est une oasis, un Éden.

Si tu y vas l’an prochain, repose-toi là. Cette entrée de forêt autour du gué de Gapeau est le plus bel endroit de la promenade. C’est que