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Est-ce la Sardaigne, est-ce l’Apennin ? Je ne m’oriente plus.

Il faisait un temps magnifique. Le ciel et la mer étaient si limpides, qu’on distinguait les navires à un éloignement inouï, et les détails du Monte-Grosso à l’œil nu ; mais passer, car il faut bien passer par là sans y planter sa tente, rend tout à coup mortellement triste.

La riante presqu’île de Monaco vous apparaît bientôt. On se demande par quel problème on y descendra des hauteurs de la Turbie. C’est bien simple : on tourne pendant une grande heure le massif de la montagne, et, d’enchantements en enchantements, de rampe en rampe, on descend par des lacets l’unique petite route assez escarpée de la principauté : on admire tous les profils du gros bloc de la Tête-du-Chien, qui surplombe la ville et la menace, et on arrive de plain-pied avec la rive dans un grand hôtel qui est à la fois une hôtellerie, un restaurant, un casino et une maison de jeu.

Étrange opposition ! au sortir de ces grandeurs de la nature, vous voilà jeté en pleine immondice de civilisation moderne. Au pâle clair de la jeune lune, au pied du gros rocher qui dort dans