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pas aussi belle et aussi frappante ici que chez nous. La végétation n’y éclate pas avec la même splendeur. L’absence de gelée sérieuse n’y fait pas ressortir le réveil de la vie, et on n’y sent guère en soi-même ce réveil si intense et si subit qui s’opère chez nous par crises énergiques. Le vent de mer contrarie l’essor général. Le mistral est un petit hiver qui recommence presque chaque semaine, et qui est d’autant plus perfide qu’il n’altère pas visiblement l’aspect des choses ; mais, quoi qu’on en dise, il gèle ici blanc presque tous les matins, et les promesses du soleil de la journée ressemblent à une gasconnade. Est-ce à dire que la nature n’y soit pas généreuse et la vie intense ? Certes non. C’est un beau pays, et les organisations qu’il développe sont résistantes et souples à la fois.

Malheureusement, dans ces stations consacrées par la mode, ce que l’on voit le moins, c’est le type local. Homme, animaux, plantes, coutumes, villas, jardins, équipages, langage, plaisirs, mouvement, échange de relations, c’est une grande auberge qui s’étend sur toute la côte. Si vous apercevez le paysan, l’industriel indigènes, soyez sûr qu’ils sont occupés à servir les besoins ou