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visite à de chères personnes qui m’ont attendu tout l’hiver. La beauté et le charme du pays seront par-dessus le marché.

Dès le lendemain pourtant, nous voici en campagne. Les amis veulent nous faire les honneurs de l’Estérel, et nous remplissons de notre bande joyeuse et de nos provisions de bouche un omnibus énorme, traîné par trois vigoureux chevaux. La locomotion est admirablement organisée ici. On pénètre dans la montagne, on trotte à fond de train sur les corniches vertigineuses ; nous n’avons pas fait autre métier pendant un mois, et nous n’avons pas vu l’ombre d’un accident. Cochers et chevaux sont irréprochables.

À l’entrée de la gorge de Maudelieu, on laisse la voiture, on porte les paniers, on s’engouffre dans une étroite fente de rochers en remontant le cours d’un petit torrent presque à sec, et on s’arrête pour déjeuner à l’endroit où une cascatelle remplit à petit bruit un petit réservoir naturel. Ce n’est pas un des plus beaux coins de l’Estérel. Le porphyre n’y est pas bien déterminé, on est encore trop à la lisière ; mais, comme salle à manger, la place est charmante,