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l’indignation et du combat. On retrouve ces vieilles énergies du passé sur de nobles fronts que le temps respecte, et on les aime spontanément. Qu’ils soient dans l’illusion ou dans le vrai sur l’avenir des sociétés humaines, c’est avec eux qu’on se plaît à songer, et l’on se sent meilleur en les approchant.

Et pourtant j’aime bien tendrement la jeunesse ; comment faire pour ne pas aimer les enfants, et pour ne pas contempler comme un idéal l’âge de l’irréflexion, où le mal n’est pas encore le mal, puisqu’il n’a pas conscience de lui-même ?

La nature, éternellement jeune et vieille, passant de l’enfance à la caducité, et ressuscitant pour recommencer sans savoir ce que vie et mort signifient, est une enchanteresse qui nous défend d’être moroses…. Le moyen au mois de février, qui est l’avril du Midi, sous un ciel en feu et sur une terre en fleurs, de pleurer sur les roses ou sur les neiges d’antan ?

Le lendemain, en quatre heures, nous gagnons Cannes. Le trajet le long de la mer est aussi beau que celui de Marseille à Toulon, et tout cela se ressemble sans s’identifier. Ce qui est nouveau