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saison-là, le mistral soufflait presque toujours. Aujourd’hui, il est anodin, et à peine avons-nous embrassé à la gare de Toulon les chers amis à qui nous y avions donné rendez-vous, que nous sautons avec eux dans un fiacre, et nous voici à trois heures à Tamaris. Soleil splendide, des fleurs partout, nos vêtements d’hiver nous pèsent. Hier, à pareille heure, nous nous chauffions à Paris, le nez dans les cendres. Ce voyage n’est qu’une enjambée de l’hiver à l’été.

Rien de changé à Tamaris, où je me suis installé, il y a sept ans en février, presque jour pour jour. Les beaux pins parasols couvrent d’ombre une circonférence un peu plus grande, voilà tout ; le gazon ne s’en porte que mieux. Il est très-remarquable, ce gazon cantonné ici uniquement sur la colline qui sert de jardin naturel à la bastide. C’est le brachypode rameux, une céréale sauvage, n’est-ce pas ? ou tout au moins une triticée, la sœur bâtarde, ou, qui sait ! l’ancêtre ignoré de monseigneur froment, puisque cet orgueilleux végétal qui tient tant de place et joue un si grand rôle sur la terre ne peut plus nommer ses pères ni faire connaître