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presque insolemment. La jeune fille, effrayée, saisit vivement le bras d’Olivier et le pressa sans savoir ce qu’elle faisait. Olivier se retourna et comprit en un instant le motif de sa frayeur. Il échangea d’abord des regards menaçants et bientôt des paroles sérieuses avec le jeune homme. Le lendemain, Olivier quitta le château de bonne heure et revint à l’heure du déjeuner ; mais, malgré son air calme, lady Mowbray s’aperçut bientôt qu’il souffrait, et le força de s’expliquer. Il avoua qu’il venait de se battre avec l’homme qui avait regardé insolemment miss Mowbray, et qu’il l’avait grièvement blessé ; mais il l’était lui-même, et Metella, l’ayant forcé de retirer sa main, qu’il tenait dans sa redingote, vit qu’il l’était assez sérieusement. Elle s’occupait avec anxiété des soins qu’il fallait donner à cette blessure, lorsqu’on se retournant vers Sarah, elle vit qu’elle s’était évanouie auprès de la fenêtre. Cette excessive sensibilité parut naturelle à Olivier dans une personne d’une complexion aussi délicate ; mais lady Mowbray y fit une attention plus marquée.

Lorsque Metella eut secouru sa nièce, et qu’elle se trouva seul avec Olivier, elle lui demanda le motif et les détails de son affaire. Elle n’avait rien vu de ce qui s’était passé la veille ; elle était en ce moment à plusieurs pas en avant de sa nièce et d’Olivier, et donnait le bras à une autre personne. Olivier tâcha d’éluder ses questions ; mais, comme lady Mowbray le pressait de plus en plus, il raconta avec beaucoup de répugnance que miss Mowbray ayant été regardée insolemment par un jeune homme d’assez mauvais ton, il s’était placé entre elle et ce jeune homme ; celui-ci avait affecté de se rapprocher encore pour le braver, et Olivier avait été forcé de le pousser rudement pour l’empêcher de froisser le bras de Sarah, qui se pressait tout effrayée contre