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disposé à lui tenir tête, craignit une scène ridicule et fit entendre au jeune homme qu’il eût à se retirer. Olivier comprit fort bien ; mais il affecta la gaucherie d’un campagnard, et parut ne se douter de rien jusqu’à ce que Metella lui eût dit tout bas :

— Allez-vous-en, mon cher monsieur, je vous en prie.

Olivier feignit de la regarder avec surprise.

— Allez, ajouta-elle profitant d’un moment où le comte allait prendre le chapeau d’Olivier pour le lui présenter ; vous m’obligerez, je vous reverrai…

— Madame, le comte s’apprête à me faire une impertinence ; il tient mon chapeau ; je vais être obligé de le traiter de fat ; que faut-il que je fasse ?

— Rien ; allez vous-en et revenez demain au soir. Olivier se leva :

— Je vous demande pardon, monsieur le comte, dit-il ; vous vous trompez, c’est mon chapeau que vous prenez pour le vôtre ; veuillez me le rendre, je vais avoir l’honneur de vous saluer.

Le comte toujours prudent, non par absence de courage (il était brave), mais par habitude de circonspection et par crainte du ridicule, fut enchanté d’en être quitte ainsi. Il lui remit son chapeau et le quitta poliment ; mais, dès qu’il fut parti, il le déclara souverainement insipide, mal-appris et ridicule.

— Je ne sais comment vous avez fait pour supporter ce personnage, dit-il à Metella ; il faut que vous ayez une patience angélique.

— Mais il me semble, mon ami, que c’est vous qui m’avez priée de l’inviter, et vous me l’avez laissé sur les bras ensuite.

— Depuis quand êtes-vous si Agnès que vous ne sachiez pas vous débarrasser d’un fat importun ? Vous