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— Mais une robe de velours violet ! c’est d’une sévérité effrayante.

— Attendez donc : il y a des nœuds et des torsades d’argent qui lui donnent beaucoup d’éclat.

— Ah ! c’est vrai ! voilà une toilette très-riche et très-noble. On a beau dire, Metella, c’est encore vous qui avez la mise la plus élégante, et il n’y a pas une femme de vingt ans qui puisse se vanter d’avoir une taille aussi belle…

— Hélas ! dit Metella, je ne sens plus la souplesse que j’avais autrefois ; ma démarche n’est plus aussi légère ; il me semble que je m’affaisse et que je suis moins grande d’une ligne chaque jour.

— Vous êtes trop sincère et trop bonne, ma chère lady, dit le comte en baissant la voix. Il ne faut pas dire cela, surtout devant vos soubrettes ; ce sont des babillardes qui iront le répéter dans toute la ville.

— J’ai un délateur qui parlera plus haut qu’elles, répondit Metella : c’est votre indifférence.

— Ah ! toujours des reproches ! Mon Dieu ! qu’une femme qui se croit offensée est cruelle dans sa plainte et persévérante dans sa vengeance !

— Vengeance ? moi, vengeance ? dit Metella.

— Non, je me sers d’un mot inconvenant, ma chère lady ; vous êtes douce et généreuse, en ai-je jamais douté ? Allons, ne nous querellons pas, au nom du ciel ! Ne prenez pas votre air abattu et fatigué. Votre coiffure est bien plate, ne trouvez-vous pas ?

— Vous aimez ces bandeaux lisses avec un diamant sur le front…

— Je trouve qu’à présent les tresses descendant le long des joues, à la manière des reines du moyen âge, vous vont encore mieux.

— Il est vrai que mes joues ne sont plus très-rondes,