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adressa un sourire plein de douceur et de bonté ; et, lui tendant la main :

— Soyons donc amis, lui dit-elle, car je vous dois un dédommagement pour cette mauvaise plaisanterie de monsieur.

— Soyez ou non sa complice, répondit Olivier, il vous a dit ce que je n’aurais jamais osé vous dire. Je suis trop payé de ce que j’ai fait pour lui.

Et il baisa résolument la main de lady Mowbray

— L’insolent ! pensa le comte.

Pendant le déjeuner, le comte accabla sa maîtresse de petits soins et d’attentions. Sa politesse envers Olivier ne put dissimuler entièrement son dépit ; Olivier cessa bientôt de s’en apercevoir. Lady Mowbray, de pâle, nonchalante et un peu triste qu’elle était d’abord, devint vermeille, enjouée et brillante. On n’avait exagéré ni son esprit ni sa grâce. Lorsqu’elle eut parlé, Olivier la trouva rajeunie de dix ans ; cependant son bon sens naturel l’empêcha de se tromper sur un point important. Il vit que Metella, sincère dans sa bienveillance envers lui, ne tirait sa gaieté, son plaisir et son rajeunissement, que des attentions affectueuses du comte.

— Elle l’aime encore, pensa-t-il, et lui l’aimera tant qu’elle sera aimée des autres.

Dès ce moment, il fut tout à fait à son aise, car il comprit ce qui se passait entre eux, et il s’inquiéta peu de ce qui pouvait se passer en lui-même ; il était encore trop tôt.

Le comte vit que Metella avait charmé son adversaire ; il crut tenir la victoire. Il redoubla d’affection pour elle, afin qu’Olivier se convainquît bien de sa défaite.

À trois heures, il offrit à Olivier, qui se retirait, de le reconduire chez lui, et, au moment de quitter Metella,