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avaient rompu leurs traits ; le seul domestique qui accompagnât les voyageurs était blessé et évanoui. Buondelmonte et sa compagne furent obligés de réparer ce désordre en toute hâte, car à tout instant d’autres bandits, attirés par le bruit du combat, pouvaient fondre sur eux, comme cela arrive souvent. Il fallut battre le postillon pour le ranimer, bander la plaie du domestique, qui perdait tout son sang, le porter dans la voiture, et ratteler les chevaux. Lady Mowbray s’employa à toutes ces choses avec une force de corps et d’esprit vraiment extraordinaire. Elle avisait à tous les expédients et trouvait toujours le plus sûr et le plus prompt moyen de sortir d’embarras. Ses belles mains, souillées de sang, rattachaient des courroies, déchiraient des vêtements, soulevaient des pierres. Enfin tout fut réparé, et la voiture se mit en route. Lady Mowbray s’assit auprès de son amant, le regarda fixement, fit un grand cri et s’évanouit. À quoi pensez-vous ? ajouta le comte en voyant Olivier tomber dans le silence et la méditation.

— Je suis amoureux, dit Olivier.

— De lady Mowbray ?

— Oui, de lady Mowbray.

— Et vous allez sans doute à Florence pour le lui déclarer ? dit le comte.

— Je vous répéterai le mot que vous me disiez tantôt : Pourquoi non ?

— En effet, dit le comte d’un ton sec, pourquoi non ?

Puis il ajouta d’un autre ton, et comme s’il se parlait à lui-même :

— Pourquoi non ?

— Monsieur, reprit Olivier après un instant de silence, soyez assez bon pour confirmer ou démentir une troisième histoire qui m’a été racontée à propos de lady