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pour si peu, d’autant plus que M. Narcisse, qui désire traiter avec vous, est un ancien ami de ma famille ; mais… il faudra absolument que je consulte la communauté sur ce point. Il est possible que ces dames ne veuillent point d’un si proche voisinage, quelque décent et tranquille qu’il puisse être.

— Oh ! s’écria Narcisse, si vous les consultez, vos dames, il y en a qui refuseront, j’en suis bien sûr !

— Vous reconnaissez donc que ma tolérance ne serait pas sans inconvénient pour elles ?

— Je le reconnais de reste, répondit-il avec l’aplomb d’un homme résolu à mettre le feu aux poudres.

Mais, quand mademoiselle d’Estorade lui demanda, avec un étonnement un peu froid, de s’expliquer, il perdit courage et me regarda pour m’appeler à son aide.

— M. Pardoux fait là, dis-je à mademoiselle d’Estorade, une petite indiscrétion. Il trahit malgré lui, pour les besoins de sa cause, un plaisant secret que je lui avais confié.

— Un plaisant secret, à propos de ma maison ? dit mademoiselle d’Estorade, qui devint rouge comme le feu.

— Plaisant ou grave, je l’ignore, et, puisque le mot de secret est lâché, c’est à vous, mademoiselle, à vous qui êtes, de fait, comme la supérieure ou la directrice de cette petite communauté, que nous devons le révéler. Une de vos sœurs, ou de vos dames, comme il vous