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rurent un siècle. Enfin, le portier ouvrit la double porte, et nous dit :

— Si ces messieurs veulent se donner la peine d’entrer, la demoiselle les attend au parloir.

Évidemment, le bonhomme était enchanté de n’avoir pas à faire la désagréable commission d’un refus.

— Ça va donc bien, père Bondois ? lui dit Narcisse, qui, par je ne sais quelle habitude de voisinage, souvenir d’enfance ou mouvement nerveux inexplicable, lui serra la main en passant.

— Vous me faites honneur, monsieur Narcisse, répondit le père Bondois : ça va comme vous voyez. J’étais votre voisin de campagne ; à présent, je suis votre voisin de ville. On ne se voit pas plus souvent pour ça, encore que l’on demeure porte à porte. Moi, je ne sors quasiment jamais en ville. Mais je me rappelle bien le temps où l’on se voyait tous les jours, où votre sœur Louise était toujours au château ! Ah ! c’est grand dommage qu’elle soit morte, mademoiselle Louise ! C’était la grande camarade à la demoiselle. Dame ! il fallait les voir ensemble, là-bas, à Estorade ! L’une qui riait tout fort, l’autre qui riait tout doux ; car la demoiselle, encore que petite enfant, n’a jamais été bien terrible !

En babillant ainsi, le père Bondois nous avait conduits au parloir, à travers de petits corridors voûtés, d’un style Louis XII assez remarquable. C’était la partie ancienne