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blant, pour lui complaire, de ne pas voir les apprêts des derniers sacrements, et il s’en alla de lui-même à la Folie-Pardoux, dès le premier mot que je lui dis à ce sujet.

— Soyez tranquille, me répondit-il ; j’obéirai à tout, et, jusqu’au dernier moment, j’aurai l’air de ne rien craindre.

Le soir, Juliette fut d’un calme angélique. Elle obéit au docteur, qui lui défendait de parler ; mais, sentant sa fin approcher, elle voulut nous avoir autour d’elle. Elle fit apporter les échecs et les cartes, en nous priant de nous occuper au fond de la chambre, sans nous tourmenter de sa présence. Elle désirait seulement nous voir là ; et, quand nous fûmes assis, elle fit déplacer une lumière qui ne lui permettait pas de voir principalement Narcisse avec Sylvie sur ses genoux.

Au bout d’une heure, elle s’agita un peu et nous dit que c’était le moment de coucher Sylvie. L’enfant vint lui dire bonsoir. Elle la fit asseoir sur le bord de son lit, et la tint longtemps embrassée. Puis elle la rendit à Narcisse, et il vit que des larmes baignaient son visage.

Le docteur nous invita à sortir de la chambre pour qu’on pût y ramener la fraîcheur et l’obscurité. Mais il revint bientôt nous chercher.

— Mes enfants, nous dit-elle, j’ai une crainte folle de mourir avant d’être mariée, et, bien que ce soit un en-