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moiselle d’Estorade au fond de la querelle que Narcisse ne l’avait fait. Son nom ne fut pas prononcé. Certes, Albany n’avait aucune envie de retourner dans le maudit jardin ; mais la manière dont Narcisse le lui interdisait ne lui permettait pas d’en faire la promesse. Pourtant, Narcisse s’obstinait à l’exiger, et une discussion si étrangement posée n’eût pu finir que par des voies de fait, si je ne me fusse trouvé là.

J’essayai d’apaiser Narcisse en lui disant qu’Albany m’avait donné, à moi, la parole d’honneur qu’il réclamait. Narcisse le savait bien, et il ne fut pas facile de l’amener à s’en contenter. Il était, à l’habitude, d’une douceur moutonnière ; mais, irrité, il avait aussi l’entêtement du mouton, qui se brise la tête contre un obstacle plutôt que de reculer. Les sarcasmes d’Albany l’exaspéraient. Il était rouge à faire craindre un coup de sang.

Je pris assez d’empire sur Albany pour l’amener à une sorte de conciliation, à savoir : de me renouveler, en présence de Narcisse, le serment qu’il m’avait fait, et j’obligeai Narcisse de s’en contenter. Aussitôt je le pris par le bras, pour lui dire que mademoiselle d’Estorade l’attendait et lui demandait un service qui ne souffrait pas un instant de retard. Je restai seul avec Albany.

Je lui remis la lettre que Juliette lui renvoyait, avec les deux mots sans appel et la signature accablante qu’elle