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que leur donne mademoiselle d’Estorade, et c’est uniquement pour lui restituer ces lettres que je les accepte. Vous y consentez certainement ; un homme d’honneur, comme vous, ne garde jamais, à la veille du mariage, même les témoignages du plus simple intérêt, quand ils sont signés d’un nom respectable.

Albany n’hésita pas un instant, je dois le reconnaître.

— Oui, certes, monsieur, dit-il ; c’était là mon intention, et c’est pour cela aussi que j’ai fait le voyage. Ce que vous prononcez sur la nature des sentiments de mademoiselle d’Estorade est fait pour me tranquilliser. Pourtant je dois à ma conscience de rester deux ou trois jours dans cette ville pour savoir le résultat de votre entretien sur mon compte. Si Juliette prend bien la chose, je lui écrirai une dernière fois, car la personne que je dois épouser est fort jalouse, et, pour ne pas exposer Juliette à des désagréments, je sais que je dois cesser toute correspondance. Maintenant, monsieur, me permettez-vous de venir chercher votre réponse dans trois jours ?

— J’irai vous la porter moi-même et vous rendre votre visite. Où logez-vous ?

— À la Tête-d’Or.

Quand je rentrai au salon, on jouait aux petits jeux avec les enfants. On tirait les gages. Sylvie, avec la candeur de son âge, exigeait que son ami Narcisse embrassât la demoiselle.