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dont vous aurez les clefs, et où personne ne mettra les pieds en votre absence. Vous installerez vos instruments dans ce kiosque ; il est assez vaste, et, caché comme il l’est dans les arbres, nul ne peut voir ce qui s’y passe. Je me charge de vous y nourrir.

— C’est fort bien ; mais que dira-t-on ? Vos pratiques n’ont-elles pas coutume de venir ici ?

— Non ! je prête quelquefois le kiosque à des amis intimes pour de petites réunions particulières ; mais c’est rare, et je saurai trouver des prétextes pour le leur refuser. Je dirai que j’y ai déposé des marchandises, qu’il est en réparation, que sais-je ? nous trouverons bien.

J’acceptai, et il me prit par le bras pour me faire examiner l’heureuse situation du jardin.

C’était un carré long, peu large, et assez profond. Le tertre en occupait la première moitié et n’y laissait de place qu’à une allée droite, bordée de beaux rosiers fleuris, qui conduisait à l’autre moitié, unie et dessinée en parterre. Le tertre et le kiosque étaient adossés à un vaste pignon sombre et nu : c’était le derrière du théâtre. Un revêtement de pierre de taille séparait le reste de notre parterre du jardin de la maison de ville. Je grimpai sur une brouette et vis que, le sol de ce jardin étant un peu plus bas que celui du jardin Pardoux, je pouvais voir, si j’en avais la fantaisie, sans être vu, à moins que l’on ne prît la peine d’apporter une échelle.