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qu’elle ne recommence ses fureurs et ses folies devant mon monde ? N’est-elle pas sincère dans son repentir ?

— Elle est sincère, répondis-je ; mais que le repentir soit durable, voilà qui est fort douteux. Elle est sans jugement et sans intelligence ; elle ne peut dire et faire ici que des sottises. Partez, nous l’emmènerons chez Narcisse, et, de là, à la ville.

L’affaire était arrangée ainsi, et nous allions prendre congé de mademoiselle d’Estorade, lorsque Julia s’élança dans l’escalier en disant qu’elle s’en allait, qu’elle voyait bien qu’elle était à charge et qu’elle en demandait pardon, mais qu’elle sentait bien ne devoir pas rester un instant de plus. Elle vit que mademoiselle d’Estorade s’en allait, car celle-ci avait mis son mantelet dans le vestibule, et elle refusa également de passer la nuit au château et de venir à la Folie-Pardoux. Elle voulait partir seule, à pied, comme elle était venue.

— Je ne le souffrirai pas, lui dit mademoiselle d’Estorade. Je vous emmènerais plutôt dans ma voiture.

— J’espère que non ! dit Narcisse. Cela ne se peut pas !

Cette parole, jetée sans ménagement, blessa profondément Julia.

— Vous pouviez bien m’épargner vos mépris, monsieur Narcisse, lui dit-elle avec amertume. Vous n’êtes pas un saint, vous ! Je n’ai pas la prétention de monter dans la voiture de mademoiselle d’Estorade. Je sais bien qu’à