Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/126

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ah ! ces dévotes, répondit-il, ça n’aime réellement personne ! Ça peut se mettre des rêvasseries en tête, mais ça ne tient pas aux bonnes amitiés. N’aurait-elle pas dû me dire d’aller quelquefois à son parloir, causer avec elle, ou bien que, quand je viendrais chasser par ici, et qu’elle se trouverait par hasard dans son château, elle ne serait pas fâchée de me rencontrer ? Voyez l’indifférence ! Elle a eu affaire avec nous, rien de plus ; une affaire délicate, on peut dire ! Eh bien, elle n’avait qu’une idée : se justifier et nous empêcher de mal penser d’elle. Et puis après, serviteur, je ne vous connais plus ; en voilà encore pour une dizaine d’années.

— Narcisse, lui dis-je en voyant son émotion et son dépit, vous aimez mademoiselle d’Estorade !

— C’est absurde de dire ça, répondit-il en haussant les épaules. Je l’aime… pardié ! oui, je l’aime comme vous voyez, comme je vous le dis, mais pas autrement. Vous êtes bien sûr à présent que ce n’est pas une femme ; ça n’existe pas, ce pauvre petit être ! C’est un souffle ; on plaint ça ! On pourrait prier ça comme une image… Et encore ! se faire une grande idée de la sainteté… C’est des romans à froid, bons pour les Albany. Moi, je dis que les dévotes, ça ne vaut pas les mères de famille, et que ça fait le bien en vue de soi-même, sans rien aimer qui vaille en ce monde.

— Vous dites, repris-je, que mademoiselle d’Estorade