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Il comptait partir pour la Touraine au mois de janvier.

» Je ne crus pas devoir lui répondre. Je me méfiais de sa parole. Je croyais qu’il ne cherchait que des prétextes pour y manquer.

» Il m’écrivit, au 1er janvier, qu’il partait le lendemain. Sa lettre était pleine d’affection, de gratitude et de tous les meilleurs sentiments. Il faisait un retour sur le passé pour me rappeler la sympathie que l’on nous attribuait autrefois l’un pour l’autre, et qui, de sa part, était vive et sincère. « Vous avez peut-être, à cette époque, » disait-il, « trouvé mon brusque départ peu affectueux. C’est la faute de votre tante, qui me reprochait de prétendre à vous plaire. Hélas ! je ne visais pas si haut ! Je savais fort bien que vous formiez dès lors l’unique vœu de vous retirer du monde, comme vous l’avez fait depuis. Votre caractère me semblait tellement supérieur à tout ce qui vous entourait et à moi-même, que j’eusse à peine osé aspirer à une amitié fraternelle. Est-il trop tard pour que j’y aspire encore ? Mes erreurs et mes fautes m’en ont-elles rendu indigne ? Le ciel sait pourtant que je n’ai rien à me reprocher contre l’honneur, et que j’ai été aux prises avec des circonstances auxquelles peu de consciences résistent. Je suis un homme éprouvé, et j’ose dire invulnérable. Rendez-moi donc cette confiance et cette estime que vous m’accordiez autrefois. Donnez-moi de vos nouvelles, ou, si c’est