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III


Quand nous eûmes déjeuné, il fit un somme sur le rocher que le soleil chauffait. Il me demanda en s’éveillant à quoi je pensais en tricotant et en surveillant mon ouaille.

À l’ordinaire, lui dis-je, je pense à cinquante choses dont je ne me souviens pas après ; mais, aujourd’hui, je n’ai pensé qu’à m’étonner de vous. Vous faites donc tout ce que vous voulez avec les moines, que vous passez comme ça la journée où vous voulez et comme il vous plaît ?

— Je ne sais pas si les moines me tourmenteront pour cela, répondit-il. Je ne le crois pas, je leur apporte une jolie petite somme si je prononce mes vœux, et ils n’ont point envie de me dégoûter de leur compagnie avant de tenir mon argent ; j’ai déjà vu cela. Quant à m’instruire, ils ne doivent pas y tenir beaucoup.

— Pourquoi donc ?

— Pour une raison bien simple, c’est qu’ils n’en savent guère plus long que moi, et que, s’ils ne faisaient pas durer ce qu’ils ont à m’apprendre, ils seraient trop vite au bout.