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XXII


Je fis aussi un bon profit sur les laines. Elles étaient fort chères, bien que le bétail fût devenu très abondant. Dans les commencements, la libre pâture sur les terres en séquestre avait fait prospérer les troupeaux. Tout le monde avait doublé et triplé le nombre d’animaux qu’il pouvait nourrir, mais le gaspillage ne profita pas longtemps. La pâture épuisée, on vit dépérir les moutons, et on s’empressa de s’en défaire à vil prix. J’en achetai, un par un, à diverses personnes et à crédit, une certaine quantité que j’envoyai au pays de Crevant sous la garde d’un vieux homme malheureux en qui j’avais reconnu beaucoup d’intelligence et d’activité. Je l’associai à mon profit, et, après qu’il eut loué une cabane et un pâturage dans les environs de l’île aux Fades, il s’établit par là. Le droit de pâture était d’un prix minime. Notre produit de tondaille nous mit à même de payer toutes nos dépenses et d’encaisser une somme ronde. Les agneaux nous vinrent en abondance vers la Noël et nous promirent d’autres profits.

En même temps que j’opérais pour mon compte, je rétablissais les affaires de la gestion du prieur, à la