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que les prêtres y ont fait tailler pour en chasser les esprits du temps passé ? Eh bien, vous m’en croirez si vous voulez, mais, la nuit de Noël, toutes ces croix s’en vont et la pierre est aussi lisse que mon genou ; elles ne reparaissent qu’au petit jour.

— Vous avez vu cela ? dit Dumont sans marquer d’incrédulité.

— Non pas moi, dit le carrier, je n’y ai pas été voir à la _mauvaise heure ; _ mais mon père, qui n’avait crainte de rien, l’a vu comme je vous le dis.

— Alors, les sorciers ont beau jeu à la mauvaise heure ?

— Depuis la République, ils n’y vont plus. La loi défend ça, parce qu’elle dit que ça fâche la Bonne Dame Raison, qui est la nouvelle Sainte Vierge. Mais, il y a encore quelques vieilles femmes qui viennent de loin, et en se cachant bien, pour chercher le trésor ; elles auront beau flairer autour, allez ! elles ne l’auront pas.

— Parce qu’il n’existe pas ?

— Si fait ! mais les esprits le gardent bien, et vous devez le savoir.

— Ma foi, non ; ne voulant pas les fâcher, je n’approche jamais de la _Parelle._

— Et bien vous faites ! c’est une mauvaise pierre.

— Avez-vous demeuré auprès ?

— Oui bien ! Dans la baraque dont vous avez fait, m’a-t-on dit, une bonne maison, j’ai souventes fois dormi avec le vieux qui vous l’a louée ; mais, comme je suis bon chrétien, je n’ai jamais été ennuyé par les fades. Savez-vous qu’il sera content, le père Breuillet, quand vous lui rendrez son bien si amendé ? Il est