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qui sont ici ! Sachez, monsieur le comte, que cet animal a appartenu à votre arrière-grand’mère, et qu’il a, d’après les papiers de la famille, plus de cent ans révolus.

— Ah ! mais, dit Thierray en ôtant son chapeau, ceci devient intéressant. Monsieur le centenaire (et ici il salua profondément le perroquet), permettez-moi de vous présenter mon respect. Vous devez savoir bien des choses, et je gage que vous pourriez nous chanter la complainte sur la mort du maréchal de Saxe, que l’on vous apprit sans doute dans votre jeunesse.

— Hélas ! monsieur, répondit Manette, il a su tant de choses, qu’il ne se souvient plus de rien. Il ne parlait même plus depuis longtemps, lorsque…

— Eh bien, quoi ? dit Flavien frappé de l’émotion de Manette.

— Attendez, monsieur le comte, répondit la vieille, il se secoue, il se gratte, il se rengorge, il va le dire, le seul mot nouveau qu’il ait appris, et dont il se souvienne aujourd’hui.

— Allons, Jacot, puisqu’il faut que tu le dises !… Mes bons amis

Mes bons amis, dit d’une voix cassée et plaintive le perroquet, mes bons amis, je vais mourir !

— Voilà une triste parole ! dit Flavien : qui donc la lui a apprise ?

— Hélas ! monsieur !… dit Manette.

Et ses yeux se remplirent de larmes.

— Allons, Crésus, dit Thierray, qui n’avait pas donné beaucoup d’attention au trouble de Manette, est-ce là l’objet de la convoitise de ces dames ? Au fait, c’est sérieux, un oiseau centenaire, c’est un monument !

— Ces dames ont parlé d’oiseaux, de beaucoup d’oiseaux, dit Crésus.

— Il n’y a pas d’autres oiseaux ici que celui-là ! s’écria