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— À présent, nous sommes quittes, ajouta-t-il en saluant de nouveau.

Et il disparut sous les chênes de la forêt.

— Si jamais on me prend à faire la cour à une honnête femme !… dit Flavien en reprenant avec Thierray la route de Mont-Revêche.

— N’es-tu donc pas satisfait ? dit Thierray en souriant. Tu es venu ici pour faire mon mariage : il est conclu. Tu voulais donner une réparation loyale et concluante à un homme d’honneur, tu l’as fait sans qu’il en coûtât une goutte de sang, et en recevant de lui-même une marque d’estime…

— Ou de dédain ! dit Flavien. Mais admettons que ce soit de l’estime, de la confiance, je n’en ai pas moins perdu la sympathie et l’amitié d’un des hommes vers qui je me sentais le plus porté. Je ne m’en suis pas moins fermé l’accès d’une famille qui va être la tienne et où j’aurais été heureux de te voir heureux ! tout cela parce qu’on est un homme du monde, rempli des préjugés de l’amour-propre ; parce qu’on se croit forcé de répondre aux avances d’une femme, quand même on se doute qu’elles viennent d’une autre ; parce qu’on se croirait déshonoré à ses yeux et aux siens propres, si on mettait un frein aux passions, à la langue, à l’imagination ! Mon Dieu, que la vanité de plaire est une sotte chose ! et qu’on est bien plus sage en achetant l’amour d’une femme qu’en tâchant de l’inspirer !

— C’est-à-dire qu’une nuée de Léonices va te consoler de ta mésaventure ? Fais mieux, crois-moi, marie-toi, Flavien, Choisis bien, et tu ne seras plus tenté de voler le bonheur dans le nid des autres. C’est une leçon que je prends pour moi-même.

— Tu as peut-être raison, répondit Flavien, mais j’y