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tifie pas mon ami, elle l’accuse au contraire davantage. Il y a donc du courage moral encore plus que du courage physique de sa part à vous l’avoir apportée lui-même et de son propre mouvement ; mais, comme elle justifie entièrement une personne…

— Et où prenez-vous, monsieur, que cette personne ait besoin de justification dans ma pensée ? Voilà où je trouve inconvenant, blessant pour elle et pour moi, le soin que vous voulez prendre de me la faire respecter comme je dois.

— Je n’ai pas cette prétention, monsieur. Mais j’ai été deux fois la cause involontaire et fortuite d’une situation qui peut la compromettre vis-à-vis de juges moins clairvoyants et moins équitables que vous. Je dois vous fournir les moyens de terrasser leur malveillance, puisqu’à vous seul appartient ce droit et ce devoir.

— Eh bien, oui, dit Dutertre, qui commençait à subir l’influence de l’énergie intelligente de Thierray. Oui, dit-il c’est mon devoir.

Et il ouvrit une lettre d’Olympe à M. de Saulges, datée du lendemain du départ de ce dernier pour Paris.

— C’est, lui dit Thierray en l’arrêtant, la réponse immédiate à une lettre que Flavien, trompé par les maudites fleurs qui jouent un rôle mystérieux dans cette affaire, eut la folie d’écrire en quittant Mont-Revêche. Je vous dirai d’abord, je dois, je veux vous dire quelle est la personne qui se servait de ce langage mystérieux, non pour compromettre madame Dutertre, mais pour piquer la curiosité et enflammer l’imagination de mon ami pour son propre compte. Moi seul, je le sais ; M. de Saulges l’ignore et doit toujours l’ignorer. Un père doit le connaître. Cette personne, c’est mademoiselle Nathalie Dutertre.