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sans doute ? Vous paraissez inquiet : votre femme est souffrante ?

— Quelle femme ? Je n’ai plus de femme ! répondit Dutertre avec égarement.

— Malheureux ! s’écria Blondeau, qui crut à un drame encore plus tragique. Vous qui n’avez jamais fait que le bien ! Eh bien, fuyez, fuyez, sauvez-vous ! que je ne sois pas forcé de vous livrer au châtiment !

— Est-ce que vous croyez qu’elle en mourra ? dit Dutertre avec un affreux sourire. Oh ! que non, docteur, les femmes ne meurent pas pour si peu.

— Où allez-vous ? dit Blondeau, qui, en le saisissant, avait senti la crosse des pistolets qu’il, cachait sous son manteau.

— Où je vais, mon pauvre docteur ? répondit Dutertre, qui semblait sortir d’un rêve pour retomber dans un autre. Je vais regarder les étoiles et respirer un peu dehors. Ayez soin de ma pauvre Éveline, entendez-vous ? Je reviendrai bientôt.

Blondeau, pensant qu’il avait des projets de suicide, allait le retenir encore, lorsqu’il lui sembla entendre un gémissement partir de la chambre d’Olympe. Dominé par une préoccupation sinistre, il lâcha Dutertre et monta précipitamment l’escalier. Blondeau s’était trompé. Olympe était toujours muette, assise dans son fauteuil, immobile et froide comme une statue. Au premier moment, le médecin la crut morte. Comme elle ne présentait aucune trace de violence, non plus que l’appartement où elle se trouvait, il se rassura, constata une situation nerveuse cataleptique et redescendit vivement pour appeler Dutertre ; mais il ne le trouva plus ni dans la maison, ni dans le jardin. Il appela la femme de chambre d’Olympe, lui défendit de jeter l’alarme, à cause d’Éveline, qui avait