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occupée auprès d’Éveline. Ce bonhomme m’a demandé naïvement si c’était moi qui avais été ce matin à Mont-Revêche, parce qu’il avait vu la calèche blanche à stores bleus monter la côte et entrer dans le castel, conduite par M. de Saulges sur le siège. Cela vous prouve que les paysans n’entendent pas malice aux relations et aux démarches des gens dont ils ne comprennent pas les usages. Or, comme, moi, je ne suis pas médecin et que je ne vais pas à Mont-Revêche ; comme Olympe a eu soin de faire dire ici à sept heures, en renvoyant Crésus, qu’elle partait du village du Puy-Verdon avec M. de Saulges pour voir des malades ; comme elle est rentrée dans cette même calèche à neuf heures avec M. de Saulges, je trouve tout naturel qu’elle ait été chez lui, avec lui, pour soigner son pauvre monde.

— À la bonne heure ! dit Dutertre du ton d’un homme condamné à la torture, qui, à force de souffrir, ne sent plus la souffrance ; — c’est que les vieux serviteurs de la chanoinesse sont malades !

— Dangereusement, à coup sûr, dit Blondeau, qui ne savait plus que dire. J’irai les voir demain matin.

— Olympe ne vous a point parlé d’eux ! dit Nathalie, qui sentait que la présence d’Un tiers empêcherait son père de lui imposer silence.

— Si fait, dit Blondeau, je crois qu’elle m’a dit quelque chose comme cela. Mais j’étais si troublé de l’accident d’Éveline…

— Sans doute, sans doute ! dit Dutertre en se levant avec effort du fauteuil sur lequel il s’était affaissé comme un paralytique. Allons donc la voir, cette pauvre Éveline. Nous l’oublions pour parler de choses oiseuses.

Il monta chez sa fille, suivi de Blondeau. Grondette vint à sa rencontre.