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Dutertre, aussi tranquille que possible, descendit pour dîner avec Nathalie et les deux Esculapes campagnards, qui étaient des amis fidèles de la maison et des hommes instruits, surtout Blondeau le médecin. Ils le quittèrent au dessert pour voir leur malade et faire quelques courses avant la nuit, car Dutertre leur avait fait promettre de coucher au château, dans la crainte d’un accident imprévu dans l’état de sa fille.

Nathalie n’avait qu’un instant pour se venger d’Olympe, pendant que son père prenait son café. Elle mit le temps à profit.

— Vous a-t-on dit, au milieu de tout cela, dit-elle, que le barbare et fantastique Thierray était enfin revenu ?

— Ah ! dit Dutertre, tant mieux ! Éveline l’a-t-elle su ?

— Elle l’a même vu, car c’est lui qui a aidé à la rapporter du parc sur un brancard avec l’autre.

L’autre ne frappa point Dutertre. Il ne pensait qu’à Éveline.

— Eh bien, dit-il, lorsqu’il l’a vue ainsi, cette pauvre enfant, a-t-il montré de l’émotion, de l’attachement ? Étais-tu présente ?

— Oui, mon père ; M. Thierray a été aussi désespéré qu’il convenait à votre futur gendre de l’être.

— Et cela a consolé un peu Éveline, je suppose ? Sait-on maintenant pourquoi il est resté toute une semaine sans venir nous voir ?

— Non, pas précisément. Moi, je suppose que c’est la présence de son ami à Mont-Revêche qui l’aura retenu.

— Quel ami ? dit Dutertre, à qui passa un frisson dans les veines.

— Eh bien, M. de Saulges, répondit Nathalie d’un ton d’indifférence.