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que j’ai une jambe cassée, n’en croyez rien. Je dors, je bois, je mange, et je vous attends ce soir pour être raillée de ma maladresse à grimper sur les petits rochers du parc. Ma bonne petite mère me soigne comme si cela en valait la peine. Benjamine pleure comme si elle avait perdu un serin, et Grondette me gronde. Moi, je ris et vous embrasse de toute mon âme.

» Votre Éveline. »

Flavien allait se retirer avec Thierray ; il était même déjà dans le jardin, allumant son cigare, tandis qu’Olympe, restée sur le perron avec Thierray, entretenait celui-ci des volontés d’Éveline, lorsque Nathalie s’approcha de Flavien et noua la conversation avec lui. L’accident de la matinée avait causé trop de bouleversement dans les habitudes de la maison pour qu’elle eût trouvé le moment de lui parler.

— Dieu merci ! Éveline est aussi bien que possible, lui dit-elle. Nous vous devons de la reconnaissance, monsieur ; car, sans vous, elle eût pu rester longtemps seule dans le parc et privée de secours.

— Sans moi ? dit Flavien, étonné de l’à-propos.

— Oui, sans l’idée que vous avez eue d’emmener ce matin ma belle-mère à la promenade, et de la ramener par les endroits les moins fréquentés et les mieux ombragés du parc, vous n’eussiez point trouvé notre pauvre Éveline dans ces rochers.

Flavien sentit le fiel de l’insinuation et se tint en garde.

— C’est, en effet, un hasard bien heureux, dit-il, que j’aie mal connu les chemins et que j’aie presque égaré madame Dutertre en voulant la ramener par le plus court.

— Ah ! elle ne vous le disait donc pas ? Elle était à