Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/322

Cette page n’a pas encore été corrigée

lontiers que le scandale de l’apparence. Aussi la réputation d’une femme est-elle quelque chose de si terrible à garder, que la plus vertueuse d’entre toutes ne se fera pas de scrupule de préserver celle d’une amie au prix de mille mensonges et de la comédie la mieux jouée.

Une heure après, Éveline était dans son lit, entourée des tendres soins d’Olympe, de Benjamine et de Grondette. L’opération avait été pratiquée avec succès. Le joli pied était sauvé. Seulement, il était condamné à des semaines d’inaction, qui déjà, en dépit de l’accablement de la souffrance, tourmentaient l’imagination de l’impatiente patiente ; c’était le bon mot du chirurgien, qui essayait de la faire sourire et la consolait fort à propos en louant le courage qu’elle avait montré.

Toute la maison acceptait sans méfiance l’explication donnée, excepté Crésus, qui trouvait dans tout cela quelque chose d’extraordinaire, mais qui n’osait faire part de ses idées à personne, et Nathalie, qui était beaucoup plus frappée de la promenade matinale d’Olympe avec Flavien que de l’accident arrivé à sa sœur.

Thierray et Flavien voulurent partir, aussitôt après l’opération, pour la ferme des Rivets, afin de préparer Dutertre à apprendre l’accident arrivé à sa fille, et de pouvoir lui donner en même temps de bonnes nouvelles de son état. Mais Éveline, à qui Olympe fit part de cette résolution, s’y opposa avec énergie.

— Que vont-ils faire là tous les deux ! s’écria-t-elle. C’est mettre mon père sur la voie de tout découvrir. Et d’ailleurs, je connais Thierray, il dira tout, pour peu que mon père l’interroge. M. de Saulges est encore pire pour la franchise. Ils croient que le mieux c’est de confesser les choses telles qu’elles sont. Or, dites-leur. Olympe, qu’ils n’ont pas le droit de faire ma propre confession, et