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le mari de la vieille, votre château de Mont-Revêche.

— Ah ! oui, Mont-Revêche ! pardon ! J’avais oublié le nom de ma nouvelle seigneurie. Je n’ai jamais pu me le rappeler en route. Il n’est pas très-doux. Il est comme vos chemins. Ah çà ! c’est donc un château, cela ? ajouta-t-il en étendant le bras vers ce qu’il appelait son pigeonnier.

— C’est comme M. le comte voudra, dit la vieille un peu scandalisée ; mais les gens du pays ont l’habitude de l’appeler comme cela, et ce n’est point par dérision. Tout petit qu’il est, il a sa tour, son pont, son fossé, et il a l’air tout aussi château que la grande bâtisse de Puy-Verdon.

— Qu’est-ce que Puy-Verdon ? demanda Flavien.

— C’est le château qu’ont acheté les Dutertre, à une lieue d’ici. C’est riche, c’est vaste : mais à quoi eût servi une habitation si étendue à madame la chanoinesse ? Comme disait madame, quand on n’a pas d’enfants, on a toujours assez de logement.

— Parlez-nous des enfants de ces Dutertre, dit Flavien en regardant Thierray. Ils en ont donc plusieurs ?

— Ils en ont assez pour les faire enrager, dit Manette, et des filles surtout ! Moi, si j’avais eu des enfants, je n’aurais souhaité que des garçons.

— Une femme qui a déjà eu beaucoup d’enfants…, dit Flavien en se rapprochant de Thierray, cela n’a rien de poétique, et je ne vois pas ta beauté fantastique et mystérieuse au milieu d’une bande de marmots. Combien d’enfants ont-ils donc, ces Dutertre ? ajouta-t-il en interpellant ses vieux serviteurs à haute voix.

— Oh ! mon Dieu, il n’y en a déjà pas tant, répondit Gervais. Ma femme exagère toujours ! Il n’y en a que trois ; et puis ce ne sont pas des enfants : ce sont trois