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yeux, en la lui montrant plus souffrante, plus faible, plus femme, selon lui.

Olympe était vêtue avec une extrême simplicité, d’une robe de drap foncé, d’un mantelet pareil et d’un voile de dentelle noire, noué sous le menton, qu’elle portait souvent le matin pour sortir dans la campagne ; c’est la mantille des Italiennes. Tout ce noir, tout ce sombre la faisait paraître encore plus blanche. Aussi, les paysans, qui ne se trompent pas sur le solide éclat nécessaire à la santé, la jugeaient-ils fort malade, bien qu’autour d’elle, dans la famille, hormis Dutertre, personne n’y fît une attention sérieuse depuis le départ d’Amédée.

Elle fut un peu surprise de voir Flavien, mais elle ne manifesta aucune émotion, et lui fit un accueil froidement poli, qu’il comprit du reste, surtout lorsqu’elle ajouta :

— Je ne croyais pas, monsieur, que vous dussiez revenir.

Il la supplia d’écouter une communication importante qu’il avait à lui faire, et elle s’éloigna un peu de Crésus et des villageois pour l’écouter sans pruderie, bien qu’avec une répugnance visible et avec une attitude qui n’eût pas laissé d’espoir au roué le plus impertinent.

— Rassurez-vous, quant à moi, madame, lui dit-il dès qu’il put lui parler sans être entendu des autres témoins, mais préparez-vous à surmonter un moment d’inquiétude et de chagrin. Je vous apporte… je suis absolument forcé de vous apporter une nouvelle affligeante

— Mon Dieu ! s’écria Olympe, avez-vous vu mon mari ? que lui est-il arrivé ? Parlez donc vite, monsieur, de grâce !

— Non, madame, répondit Flavien baissant la voix, car il lisait de loin dans les yeux de Crésus combien il faisait effort de ses oreilles. — Non, il n’est pas question