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se passer. Je sais maintenant, ou je devine de qui il est question. Quelqu’un, dans le château, le sait-il ?

— Pas les domestiques, du moins, monsieur, et vous voyez que j’ai pris mes garanties avec le galopin.

— Avait-il parlé ?

— Non, monsieur ; mais, si l’argent donne une sûreté pour l’avenir, la crainte en donne une autre. La demoiselle paye sans doute ; moi, je fais ce que je peux, je cogne.

— Et moi, que puis-je faire ?

— Rien, monsieur, que de paraître ne rien savoir.

— Vous avez raison, Forget, j’y suis décidé.

— Oui, monsieur, ce sera bien. Vous ne pouvez pas épouser ça, c’est trop riche, et j’ai été bien simple de croire que c’était convenu. Mais c’est gentil, voyez-vous, c’est honnête. Ça met le chapeau sur l’oreille et ça prend des airs de linotte, parce que ça ne sait rien. C’est gâté, mais c’est bon comme le père, et faire du tort à une jeunesse comme ça, ça serait l’affaire d’un sans cœur.

— La vérité sort de la bouche des simples, dit Thierray. Merci, Forget.

Il tourna bride, et, d’un temps de galop, retourna à Mont-Revêche avec la résolution d’en partir le soir même.




XXIV


La journée fut triste à Puy-Verdon. Éveline, à qui son père avait annoncé Thierray au déjeuner (s’étonnant lui-même de ne pas le voir rendu avant lui), l’attendit vainement d’heure en heure, et passa de l’inquiétude au dépit, du dépit à l’effroi et au chagrin. Olympe, ravie de voir son mari plus tôt qu’elle ne l’espérait, sentit tout aussitôt un coup mortel la frapper au cœur quand elle lut