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auprès de moi cette fille chérie, en même temps que tu seras le doux et sage conseil que j’aime à écouter dans mes agitations intérieures. Tu m’aimes plus que toi-même, tu le dis, je le crois, j’accepte !

En parlant ainsi, Dutertre examinait la physionomie d’Amédée avec soin. Il éprouvait ce jeune courage, il s’efforçait de le détacher de lui-même, de le sauver par l’enthousiasme du dévouement, qui était sa véritable vertu, sa véritable force. S’il eût aperçu quelque hésitation dans son regard, quelque défaillance dans son esprit, il eût renoncé à ce moyen de salut, il en eût cherché quelque autre. Mais le regard d’Amédée resta brillant, sa figure s’éclaircit, un sourire d’espoir et de reconnaissance fit trembler ses lèvres.

— Oui, vous avez raison, s’écria-t-il, c’est là mon désir, c’est là ma mission et ma gloire ! Être votre appui dans la lutte qu’on livre à votre justice et à votre bonté, votre consolation dans les douleurs dont on vous abreuve !… Merci, merci, mon père ! je ne suis pas assez grand, assez digne pour vous conseiller, comme vous le dites ; mais, là où la grandeur manque, la tendresse supplée. Je vous, aimerai, je souffrirai avec vous, je trouverai moyen de vivre et de bénir mon sort avec cette pensée-là ; soyez tranquille ; je pars tout de suite… il le faut… Oui, je comprends, ou je devine ! quelque langue empoisonnée… Non, non, n’en parlons pas, n’y pensons pas. Pardonnons tout. Travaillons au bonheur de ceux qui nous assassinent. Nous les ramènerons par la patience, par le dévouement ; vous verrez, mon oncle, vous serez encore heureux ! vous guérirez tous vos malades ! Oh ! soyez béni pour cette pensée de vouloir me garder près de vous quand vous serez loin d’ici !

Amédée tomba dans les bras de son père adoptif en