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je donne pour prétexte une lettre d’affaires que j’ai trouvée ici hier au soir en rentrant. Dis comme moi, cela suffit. Présente mes regrets, mes excuses, mes amitiés, mes respects, et n’oublie pas ce que je t’ai dit en dernier lieu : épouse Éveline.

» Ton ami, Flavien. »


Thierray relut deux fois cette lettre, se leva, s’informa. Flavien était parti avant le jour avec le nouveau domestique qu’il avait retenu la veille, et qui était arrivé de grand matin avec un beau cheval et un tilbury achetés de la veille aussi. Le domestique rentra avec l’équipage au moment où Thierray prenait ces renseignements, et lui remit un second billet de Flavien :

« Je monte en diligence. Je renvoie à Mont-Revêche l’homme, la bête et la voiture dont j’ai fait acquisition hier. Je suis content de ces trois choses ; je te prie de les héberger chez nous, en mon absence, et de t’en servir le plus possible, pour que tout cela ne soit pas rouillé quand je retournerai près de toi. Les arrangements sont faits, tu n’as rien à débourser, car tout cela m’appartient avec ta permission. Tu sais que le cheval est bon à monter. À toi de cœur ! »

— C’est une manière honnête de me fournir un équipage sans qu’il m’en coûte rien, pensa Thierray, car il ne reviendra pas ! On ne part pas ainsi sans une cause grave ! Si nous n’étions en plein midi, heure à laquelle je ne crois pas du tout aux revenants, je me persuaderais qu’en effet madame Hélyette lui a montré son plus affreux visage. J’y penserai la nuit prochaine, et peut-être réussirai-je à la voir aussi. En attendant, je crois que Flavien a lancé à l’austère Nathalie une déclaration qui a été prise en mauvaise part ; ou qu’il pense encore à Léonice plus qu’il ne