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alluma des bougies, leur fit remarquer qu’il y avait du feu, une bouilloire, du thé, du rhum, des citrons, des gâteaux, des cigares, et se retira fort calme, tandis que Crésus, après avoir rentré et pansé ses chevaux, regagnait aussi sa chambre en sifflant avec insouciance.

— Voyons madame Hélyette ! dit Thierray en déroulant la toile.

La toile était un peu écaillée partout, un peu mangée aux rats dans les angles : néanmoins, madame Hélyette était parfaitement visible, et la peinture n’était pas très-mauvaise. La dame était en amazone du temps de mademoiselle de Montpensier. Elle portait un chapeau de feutre mou avec une plume verte ; son justaucorps chamois était serré d’une écharpe. Elle avait les cheveux bouclés comme naturellement, et ces cheveux étaient blonds ; le cou, le menton et la main paraissaient jeunes ; la bouche était charmante, vermeille et doucereuse ; le masque noir cachait le reste. Sur le fond du tableau, on lisait en lettres dorées au pinceau le nom et la date que Gervais avait signalés avec exactitude.

— J’emporterai cette peinture et je la ferai restaurer, dit Flavien,

— Garde-t’en bien, Thierray, elle perdrait toute sa valeur, tout son caractère ; fixons-la à la tenture avec des épingles, et nous lui trouverons un cadre en harmonie avec son air de vétusté.

Ils trouvèrent sur la pelote de la chanoinesse des épingles qui avaient servi à la toilette de la chanoinesse, et madame Hélyette fut exhibée à la muraille. En ce moment, une voix rauque et plaintive prononça distinctement dans un angle de l’appartement :

Mes bons amis, je vais mourir !

C’était le vieux perroquet, qui, trompé par les lumières,