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le signe de la croix, salua son maître et voulut se retirer.

— Attendez, Gervais, dit Flavien ; n’existe-t-il aucun document sur cette histoire dans les titres de la propriété ?

— Non, monsieur, répondit Gervais. Vous y trouverez bien les noms, titres, contrats et ventes qui prouvent l’existence de madame Hélyette et de M. Tranchelion ; mais de cette histoire, qui n’a été accréditée que par la rumeur publique, madame votre tante a eu beau chercher, il ne reste pas de traces.

— Sinon le portrait et les fourneaux, dit Thierray. Ma foi, je ne me coucherai pas sans les voir.

— Ni moi non plus, dit Flavien. Prêtez-nous votre lanterne, Gervais, car il doit pleuvoir dans le donjon.

— Non, monsieur le comte, le donjon est bien couvert. Mais je vais vous éclairer moi-même.

Et, avec une résolution qui contrastait avec ses croyances superstitieuses, le bonhomme marcha devant eux, traversa la cour, monta l’escalier du donjon et ne s’arrêta que dans une sorte de grenier où, parmi de vieux meubles, il trouva et leur montra les débris d’un alambic et les pièces d’un fourneau à expériences chimiques qui avait été noirci par le feu. Puis il toucha diverses toiles roulées, anciens portraits détachés de leurs cadres, qui ne portaient presque plus de traces de peinture sur leur trame usée, et il en choisit une qui paraissait un peu mieux conservée.

— C’est elle ! dit-il sans l’ouvrir.

— Emportons-la, dit Thierray, nous la verrons mieux au salon ; car, si cette figure est désagréable au bon Gervais, il est inutile de le contrarier et de le tenir éveillé plus longtemps.

Gervais salua en silence, conduisit ses maîtres au salon,