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quelles aventures nous attendent dans les nuits d’automne du Morvan.

— Ah ! dit vivement Éveline, vous voyez bien que vous comptez prolonger votre séjour ici jusqu’aux nuits brumeuses d’octobre ou de novembre ! Quand je vous le disais !

Et, en même temps, elle regarda Flavien, qui regardait Olympe,

— Je l’espère bien ! dit M. Dutertre. Est-ce que nous n’avons pas formé le projet de courir et de chasser toute la saison, mon cher Thierray ? Je suis à vous pour cela, une fois par semaine, car je ne chasse que le gros gibier, Mais nous nous verrons plus souvent, je l’espère ; tous les jours, si vous voulez ! C’est ainsi que j’entends la vie d« campagne. Pas d’invitation, pas de visite ! Qu’on aille, qu’on vienne, qu’on soit les uns chez les autres comme dans la famille commune, et surtout que rien ne rappelle l’étiquette méfiante et la discrétion forcée de la vie de Paris.

À huit jours de là, après une semaine de beau soleil, après des chasses magnifiques, après des journées entières de promenades en voiture, de pêche ou d’équitation avec la famille Dutertre, Flavien et Thierray rentraient au manoir de Mont-Revêche entre onze heures et minuit. Le temps avait changé dans la soirée ; le soleil s’était couché terne et voilé ; la brise était restée assez tiède ; mais une petite pluie fine avait commencé à tomber. En revenant à cheval côte-à-côte, de Puy-Verdon à Mont-Revêche, les deux amis s’étaient parlé à bâtons rompus, comme on peut parler au trot à l’anglaise, quand on ne le ralentit que pour monter une côte rapide ou descendre, dans l’obscurité, une pente dangereuse.

— Crésus ! avait dit Flavien au groom dans un de ces