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d’exploitation qui sont au bas du monticule ; mais je vous demande de me laisser sans regret ma colline de bruyère, mon fossé rempli de broussailles, et mon pied-à-terre de Mont-Revêche à côté de vous. Distrayez-donc la valeur de cette habitation de celle que vous attribuez à la propriété entière.

— Elle est nulle, mon cher voisin, répondit Dutertre. Ces sortes de manoirs, qui ont une valeur historique ou artistique, n’en ont aucune dans les affaires de ce pays-ci, et passent par-dessus le marché dans les contrats d’achat et de vente, à moins qu’ils ne fournissent un local à l’exploitation agricole. Ce n’est point ici le cas : la ferme de Mont-Revêche est suffisante comme bâtiment, et votre donjon, qui ne serait pas volontiers habité par un fermier (vu sa réputation d’être hanté par les esprits), risquerait de tomber sous les outrages du temps. Nous ne distrairons donc rien de la valeur totale de la propriété, et vous garderez, vous, en toute propriété, la colline de Mont-Revêche et tout ce qu’elle comporte. À présent, laissez-moi vous dire que, dans notre marché, voilà ce qui m’enrichit le plus : c’est l’intention que vous avez de garder un pied-à-terre auprès de nous et de nous faire espérer par là le séjour ou le retour d’un excellent voisin.

Madame Dutertre approuva son mari par un regard où Flavien crut voir de l’émotion, et un sourire cordial qui se changea pourtant en rougeur lorsqu’il lui baisa la main, après avoir serré chaleureusement celle de Dutertre.

Nathalie n’avait rien perdu de cet entretien, qu’elle avait paru ne pas entendre.

— La partie est gagnée, se dit-elle, il restera. Un château pour une fleur, c’est assez chevaleresque.

Et elle plaça à son corsage une fleur d’azalée qu’elle