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Quelque dame du voisinage ? Il ne s’en trouvait précisément pas une seule qui fût jolie, et on ne suppose jamais qu’un mystère de ce genre puisse cacher une ligure ridicule ou déplaisante.

Restait madame Dutertre. Elle avait accueilli et remercié Flavien avec une cordialité gracieuse et calme ; elle n’avait pas paru remarquer la fleur d’azalée. Pourquoi l’eût-elle remarquée, si elle n’y était pour rien ? Mais tout d’un coup Flavien fit une remarque à son tour. Olympe avait, dans les plis de son jabot de dentelle, une fleur d’azalée toute semblable à la sienne et coupée fraîchement ; car, on le sait, cette fleur ne vit qu’un instant séparé de sa tige.

Voyons ! se dit encore Flavien. — Mon cher voisin, dit-il à Dutertre, c’est donc une affaire faite, vous êtes propriétaire du petit domaine de Mont-Revêche. Je ne m’en occupe plus. Mais, ajouta-t-il en regardant madame Dutertre, Madame comprendra aussi bien que vous qu’il est des choses qu’on ne vend ni ne donne, des souvenirs de famille dont on ne se sépare pas. Ainsi le lit, la chambre, le petit castel, qui porte encore, pour ainsi dire, l’empreinte de ma vieille grand’tante, je n’ai jamais compté m’en dessaisir. Heureux aujourd’hui pourtant de détacher un échantillon de ce vieux mobilier, je l’ai mis à vos pieds, madame, ne sachant rien de plus précieux à vous offrir qu’une relique ainsi consacrée. Mais, comme je ne peux pas vous apporter la tour de Mont-Revêche pour la placer sur votre cheminée, permettez-moi de la garder pour moi. Aucune personne de votre famille ne voudrait habiter ce pauvre donjon si petit, si triste, si complètement isolé. Moi, je m’y trouve bien, je l’ai pris déjà en amitié, et je souffrirais de le voir habité par un fermier. Je vous livre, mon cher Dutertre, les bâtiments