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été ouvrier, et ils ne savent que penser de lui ; car, s’il a toutes les connaissances pratiques du petit et du grand commerce, il a aussi cette distinction de manières et cette grâce aristocratique dont les petits bourgeois sont meilleurs juges qu’on ne l’imagine.

— Voyez-vous cet homme-là, dit madame Diamant, ça a beau avoir travaillé, ça a toujours été quelque chose. Je ne dis pas que nous n’ayons pas des sentiments autant que lui. Pour ce qui est de ça, M. Diamant n’est pas au-dessous d’un sénateur ou d’un archevêque : mais, quand on n’a pas reçu d’éducation, on ne sait pas se faire valoir. Si votre vieux ermite voulait demeurer dans notre petite maison de Vaubuisson et donner des leçons de n’importe quoi à nos enfants, nous lui ferions le sort plus heureux qu’il ne l’a, et nous serions encore ses obligés, car l’éducation, c’est tout !

L’ermite repousse cette proposition en disant qu’il est trop vieux, qu’il a perdu la mémoire et qu’il ne sait plus rien. Les Diamant ont pourtant beaucoup insisté. Leurs deux garçons travaillent mal à Paris ; ce sont de vrais petits Auvergnats qui ont besoin du grand air pour vivre et qui aimeraient mieux monter dans les cheminées pour aller respirer sur les toits que d’étudier dans une classe. Les plaintes et les inquiétudes des parents m’ont donné l’idée de leur rendre service et de leur témoigner mon amitié. Comme leurs enfants passeront les vacances à Vaubuisson, j’ai offert d’être à cette époque leur précepteur pendant deux heures tous les jours, et de bien examiner leurs aptitudes afin d’indiquer la direction à leur donner. La reconnaissance de M. Diamant a été portée au dernier paroxysme quand je lui ai annoncé avec cela que, sur