Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/169

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Fais ce que je te dis ou ne reviens jamais. C’est mon dernier mot !

Jeanne la rousse voulut parler.

— Non, non !… reprit l’ermite vivement ; c’est un caprice, selon toi, mais il est invincible. Si tu reviens avec ta mère, je quitterai cette retraite, je disparaîtrai tout à fait et pour toujours. Voilà tout ce vous aurez gagné à me tourmenter et à m’affliger.

Il rentra et ferma sa porte. Je venais de comprendre que les deux femmes dont j’avais surpris la visite durant sa maladie n’étaient autres que mademoiselle Irène et sa fille. Cette fois, Jeanne ne pleura pas. Elle paraissait plutôt un peu irritée en prenant le bras de mademoiselle Vallier ; et, en passant près du lieu où j’étais caché, elle lui dit :

— Ah ! je le vois bien, tenez ! il y a des moments où mon pauvre grand-père n’a plus sa tête.

Je ne sais ce que répondit mademoiselle Vallier ; elles passèrent, et Farfadet, qui me sentait là, fit, en furetant autour de ma cachette, un vacarme qui m’empêcha d’en entendre davantage. J’étais curieux de savoir avec qui et comment ces deux jeunes filles avaient fait de si grand matin cette promenade. Je les épiai : elles étaient seules et s’en retournèrent mystérieusement par le sentier des piétons qui coupe sous bois et en biais la colline.

Eh bien, j’espère que voilà une aventure, une découverte imprévue ? Il ne faut plus se demander à présent pourquoi M. Sylvestre ou M. de Magneval, car c’est probablement son vrai nom, est un pauvre honteux dans toute l’acception du mot. Son nom, il le cache, parce que son indigne fille a l’audace de le porter. Sa