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toutes ces angoisses, j’ai bien eu quelques rayons de soleil.




XX

DE PIERRE À PHILIPPE


Vaubuisson, 5 mai.

Me voilà revenu à mon gîte. Après de légères rechutes, mon ermite est sur pied, et j’ai vu que l’habitude d’être seul était en lui si invétérée, qu’un excès d’assiduité le gênerait. Il m’a fait promettre pourtant d’aller au moins tous les deux jours passer deux ou trois heures près de lui ; car il aime aussi la société, pourvu qu’elle ne soit pas imprévue et tenace.

Je retrouve avec un certain plaisir ma petite chambre, ma jolie vue, et mon travail commencé, que je relis et dont je ne suis pas mécontent. J’aperçois que j’ai été sinon influencé, du moins très-impressionné par l’idéalisme du cher Sylvestre, et que j’ai tenu compte de la solidité de certaines de ses objections. Il est heureux pour moi d’avoir mis par hasard la main sur l’homme qui pouvait me les présenter et me montrer plus qu’aucun autre l’étendue de mon sujet.

Je t’ai promis de te parler de mademoiselle Vallier, et, au ton de mes lettres, tu vois que je peux le faire sans que ma conscience me reproche rien. Je ne lui ai pas dit un seul mot, adressé un seul regard qui pussent porter le trouble dans son âme. J’en suis fâché